La Grande Guerre au travers de documents d'archives

Ordre de mobilisation générale

La guerre éclate le 1er aout 1914.

La presse locale s'en fait l'écho dans différents journaux, notamment le Messager de Millau :

> Journal littéraire, administratif, judiciaire,commercial et agricole.Période de parution :  1879 - 1944: ancien Journal de Millau paraissant tous les samedis.

Les millavois sont mobilisés. Ils sont répartis dans différents régiments, le 122e Régiment d’infanterie en garnison à Rodez, le 96e Régiment d’infanterie en garnison à Béziers, le 4e Régiment d’Infanterie en garnison à Toulon, le 42e Régiment d’infanterie coloniale en garnison à Marseille, le 2e Régiment de génie en garnison à Montpellier et le 142e Régiment d’infanterie en garnison à Toulouse.

"Souvenir des millavois", avril 1916, garnison de Montpellier (collection privée).

"Départ pour le front", 1916, garnison de Montpellier (collection privée).

"En permission", 1917, garnison de Montpellier (collection privée).

La guerre fait des ravages. Millau compte 98 morts, 13 disparus, et un prisonnier décédé.

La tombe de marbre blanc de Marius Bessière, mort le 15 avril 1915, montre le poilu lançant une grenade. Dans le Cimentière de l'Egalité, elle a été réalisée par le suclpteur aveyronnais Auguste Verdier, en 1921. C'est à lui que l'on doit la réalisation du Monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 du Parc de la Victoire.

Le soldat porte une capote "Poiret" repliée sur les genoux, un casque "Adrian", des bandes moletières, des brodequins cloutés, deux gibecières, un couteau de combat et un étui à pistolet.

Il se distingue par ses deux médailles, la médaille militaire et la croix de guerre, probablement décernée à titre posthume.

Les poilus, figures emblématiques de la Première Guerre mondiale, sont représentés à de multiples occasions.

La ville possède une statue de plâtre d'un poilu signée Suin et réalisée en 1917 :

Le poilu porte :

• Une capoté « Poiret », bleue horizon, qui deviendra symbolique de ces soldats de la guerre de 1914-1918, avec des poches renforcées sur les hanches destinées à porter des munitions ou autres objets nécessaires, et au boutonnage croisé, pour avoir moins froid.
• Un casque Adrian (qui remplace le képi), du nom de l’intendant qui mit au point le 1^er casque métallique français,
• Des bandes molletières qui compensent la pénurie de cuir, et des brodequins.

Dépourvu de fusil ou d’autres armes de combat comme les couteaux, il fume la pipe, la « bouffarde », et tient un bâton à la main.

Il conserve de son attirail militaire les deux gibecières, dont une porte son casque, et sa gourde.

La présence des quatre chevrons sur son épaule gauche indiquent qu’il a passé 1 année de service pour le premier et 6 mois de services pour les trois autres, soit 2 ans 1/2;

Sur l’épaule gauche, les deux chevrons indiquent le nombre des blessures de guerre reçues.

Il arbore deux médailles, la médaille militaire et la croix de guerre de 1914-1918

L'armistice est signé le 11 novembre 1918

De nouveau, la presse régionale s'en fait l'echo.

Dans le Journal de l'Aveyron un article intitulé "Le dernier quart d'heure" rappelle la vie des soldats morts au combat par le récit de la fin tragique de l'un d'eux...

> Journal semi-hebdomadaire puis trois fois par semaine ; quotidien (le dimanche excepté) (août 1891-1899) puis hebdomadaire. Période de parution : 1796 – 1944. 

Variantes du titre : Journal de l'Aveiron

            1848 : Journal de l'Aveyron républicain

            Journal de l'Aveyron et Cultivateur aveyronnais réunis

            1er janv. 1900-29 avr. 1906 : Journal de l'Aveyron et Cultivateur de l'Aveyron réunis

            6 mai 1906-30 mai 1915 : Journal de l'Aveyron et Aveyronnais réunis

De 1808 à 1832 remplacé par : "Bulletin de l'administration et de la Société d'agriculture du département de l'Aveiron"

Siège du journal : Rodez

On songe enfin à fêter la victoire et la paix.

Des fêtes sont organisées un peu partout. Millau n'est pas en reste et baptise le jardin public achevé pendant la guerre, en 1917, Parc de la Victoire.

L’inauguration du parc se tient le 14 juillet 1919. Manifestation de grande ampleur, elle débute au cimetière, se poursuit place du Mandarous, au pied du monument commémoratif de la guerre de 1870-1871, et s’achève au parc.

Ce projet en est présenté lors du Conseil Municipal. Le maire André Balitrand rappelle dans la délibération le contexte dramatique et indique qu’il convient de « lui donner un nom digne de lui et des événements que nous venons de traverser. Ces événements tragiques qui se sont déroulés depuis 1914, qui ont forcé l’ennemi à plier le genou et à demander grâce nous donnent une indication. La Victoire qui a couronné nos efforts semble elle-même nous inspirer le nom à donner au champ Bouquier. Je vous propose donc, mes chers collègues, en l’honneur de la Victoire et de la Paix de donner à notre magnifique parc le nom de Parc de la Victoire ».

L'indépendant Millavois décrit la fête en détail dans sa parution du 19 juillet 1919.

> Journal hebdomadaire, littéraire, administratif et judiciaire... ["puis" journal de la démocratie...]

Période de parution : 1889-1944

Siège du journal : Millau

La création des monuments aux morts

Monument à la mémoire des soldats morts pour la France

Registre des délibérations du Conseil Municipal, 20 juin 1919

Souscription pour la création d’un monument aux morts « élevé à la mémoire de nos compatriotes morts au Champs d’Honneur ». André Balitrand, Maire de Millau. (Archives Municipales, 1D46)

Erection d'un monument à la mémoire des soldats morts pour la France (AAM, 1D)

Courrier du 15 novembre 1925 : Le Comité du Monument aux morts décide que le "monument appelé à perpétuer le souvenir de nos morts glorieux" sera placé au Parc de la Victoire. 1925. (AMM, 1M14)

Photographie argentique de la maquette du projet de Monument aux Morts de la Guerre de 1914-1918.

Ch. Pestre, Fils. Non datée (Archives Municipales, 1M14)

Détail du Monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 du Parc de la Victoire. Il est l'oeuvre du sculpteur Auguste Verdier, en 1929.

La statue représente la France victorieuse : Victoire ailée, de grandes dimensions (3m environ), elle tient un brin d'olivier dans sa main gauche. La palme, dans sa main gauche, a disparu mais elle est bien visible sur le projet.

Les victimes de la guerre : deux femmes agenouillées face à face, au-dessus de tombes, l'une accompagnée d'un enfant, l'autre d'un homme.

Ensemble, ils évoquent les conséquences de la guerre, représentent une image de la douleur de la perte d'un être proche.